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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 00:00

Compte-rendu d’un trek, le Northwest Circuit, à faire UNE FOIS DANS SA VIE (mais pas deux).

 

Stewart Island est l’île la plus australe de Nouvelle-Zélande. Les Maoris l’appellent Rakiura, « le pays aux cieux rougeoyants ». Deux fois plus grande que Paris et sa petite couronne, elle ne compte que 300 âmes qui vivent de la pêche et du tourisme dans le petit village d’Oban. Le reste de l’île est un désert de forêt vierge, de chaînes montagneuses et de marécages. C’est dans ce décor qu’évolue le Northwest Circuit, une randonnée réputée pour son côté sauvage et sa météo capricieuse. Cette randonnée de 120 km boucle la partie nord de l’île en une dizaine de jours.

 

Veille du départ

L’heure des derniers préparatifs. Nous rangeons toutes nos affaires et notre nourriture pour 10 jours dans des sacs plastiques étanches que l’on glisse dans nos sac à dos. Nous louons des guêtres et nous nous enregistrons au DOC(*). Nous laissons la tente à Oban et dormirons en huts, des cabanes qui ponctuent chaque fin d’étape.  

 

 

Carte de la partie nord de l’île et des huts du trek. Nous ferons le circuit dans le sens anti-horaire et sauterons Port William Hut :

nwc

 

Puis nous allons boire un verre au pub d’Oban avec François le patron du Stewart Island Backpacker, Kitty sa compagne et Thibaud, un Pyrénéen qui revient du trek. François est un Finistérien exilé, alors nos discussions sentent bon les crêpes et les îles bretonnes !

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(*)DOC : Department Of Conservation qui gère les sentiers de randonnée de Nouvelle-Zélande.

 

Jour 1

C’est parti ! Le soleil est bien vissé au-dessus de nos têtes et dément la mauvaise réputation climatique du trek. Nous nous immergeons progressivement dans l’esprit muddy du parcours : de la boue, un sentier de boue, qui ne nous quittera quasiment pas jusqu’à la fin. Ajoutez à cela un enchevêtrement de racines, de branchages, un relief de tôle ondulée (ça monte et ça descend sans arrêt), et vous aurez une bonne idée de ce à quoi ressemble 90% du parcours !

Nouvelle-Zelande---Ile-Stewart 6636

 

Jour 2

Le vent se lève mais le soleil est encore de la partie. Le soir, nous partageons la hut avec quatre étudiants néozélandais qui réalisent le trek en sens inverse. A partir de là, nous n'allons plus voir personne pendant cinq jours d’affilée.

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Jour 3

Il a beaucoup plu dans la nuit, le chemin est inondé et certaines rivières sont en crue. Nous en traversons une avec un fort courant et de l’eau jusqu’à la taille, ce qui est amplement suffisant pour nous flanquer la frousse ! Nous ne sommes pas très rassurés pour les jours à venir et sommes bien contents d’arriver à  Yankee River Hut pour nous reposer.

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Nouvelle-Zelande---Ile-Stewart 6531

 

Jour 4

Tempête. Jour de thalassothérapie. Au programme : massage facial par jet de microbilles siliceuses (du sable plein la figure), jacuzzi énergisant dans une eau à température ambiante (rivières à 10°C), bain de boue (bain de boue) et la petite sardine au fond de l’assiette pour le repas du midi. Un régal ! Et tout ça à l’œil, s’il vous plaît.


Traversée d'un champ de dunes balayé par les vents à Smoky Beach, tout au nord de l’île :

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Arrivée à Long Harry Hut :

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Chaque hut où nous dormons contient quelques couchettes avec matelas, un récupérateur d’eau de pluie, un évier, un poêle à bois, une table et des bancs. Bien que sommaires, ces cabanes ont la magie de se transformer en palace 5 étoiles pour le randonneur transi ! Premier réflexe en arrivant : voir s'il y a du bois au sec et le couper. Missions : chauffer la hut et faire sécher les fringues, sacs, guêtres et surtout chaussures.

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Jour 5

Tempête. Jour de « grande lessive ». Un employé du DOC préposé à la gestion du Northwest Circuit (un type un peu désabusé peut-être, sadique certainement), s’est dit un jour : «  Tiens, si je faisais passer le circuit par ces gros rochers bien glissants, copieusement arrosés par la mer qui se déchaîne, là, juste à côté ? ». Et ses collègues d’approuver la formidable idée. Résultat, nous sommes rincés, lessivés, trempés jusqu’aux os en deux minutes. Nous glissons, nous pestons et nous nous promettons de retrouver l’auteur de la formidable idée pour le passer à son tour à la machine à laver (la vraie, avec essorage au max !).

 

Plus agréables sont les rencontres animalières qui émaillent cette journée . C’est d’abord un kiwi qui coupe notre chemin, le fameux oiseau qui ne vole pas. C'est un symbole en Nouvelle-Zélande, presque aussi célèbre que les All Blacks, mais moins démonstratif... Il vit essentiellement de nuit et il est difficile de le voir dans son environnement naturel, c'est donc une chance pour nous ! Puis nous croisons un daim, sur une plage nous tombons nez à nez avec un gros phoque aussi apeuré que nous qui s’enfuit à toutes palmes, et enfin nous apercevons un manchot.

 

« Notre » kiwi : une boule de plumes marron avec un gros derrière et un long bec, perdu dans les fougères (nous ne l'avons pas coupé en rondelles pour voir s'il était vert avec des pépins noirs à l'intérieur) :

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Jour 6

Ça se calme enfin dans les cieux pas vraiment rougeoyants. Nous regoûtons aux plaisirs simples de la randonnée : marcher sans 10 kg de sable dans les poches (mais toujours avec 10 kg de boue dans les godasses), manger sa sardine sans la voir partir au vent comme une mouette, etc… Après trois jours de gros temps, le sentier a quand même mauvaise mine.

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Nous arrivons à Big Hellfire Hut, séparé d’Oban par 50 km de montagnes et de marécages, et savourons notre isolement. Cette vie de Robinson et les sentiments qu’elle génère justifient à eux seuls tous les efforts fournis !

Vue depuis Big Hellfire Hut :

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Jour 7

Nous longeons l'immense Mason Bay sous un ciel voilé, avant de rejoindre la hut du même nom.

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Mason Bay Hut, qui est accessible en bateau, est un spot réputé pour l'observation des kiwis. Cela en fait un endroit fréquenté et nous y reprenons brutalement contact avec la civilisation, sous la forme de vingt mini-tornades de 8-12 ans fraîchement débarquées avec leur maîtresse. C'est Robinson propulsé dans la cour de récré du Petit Nicolas. Pire que la Tempête.

 

Jour 8

Nous fuyons la hut au petit matin pour replonger dans la solitude. Nous traversons l'intérieur de l'île par une plaine marécageuse.

 

Dans les zones les plus inondables, le chemin est surélevé par un ponton, ce qui est très appréciable :

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Jours 9 et 10

Dernières leçons de brasse coulée en milieu visqueux puis retour sur la terre ferme : un sentier sans boue. Retour TRIOMPHAL au village. En fait, non, pas tout à fait. Les villageois semblent pas mal habitués à voir sortir de la forêt des énergumènes couverts de boue et sentant le phoque. Puis c'est bonne douche, bonne bière et bon fish'n chips, avant un repos mérité de deux jours sur l’île. François nous soigne comme il faut à coup d'ormeaux et de bluecod, le poisson local.

 

Le 3 décembre, nous quittons Oban et Stewart Island pour relier Invercargill en bateau puis Dunedin en stop. Nous y prenons un avion deux jours plus tard pour Auckland. C'est la fin de notre séjour néozélandais.

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